Vouvray : découvrez le Coup de trique de Frédéric Bourillon !

Fred Bourillon présente sa dernière-née, la cuvée Coup de trique, aux Fourberies d'Escarpin - ©Chloé Chateau

Fred Bourillon présente sa dernière-née, la cuvée Coup de trique, aux Fourberies d’Escarpin – ©Chloé Chateau

Les Bourillon sont vignerons depuis 3 générations. Le Domaine Bourillon Dorléans a été fondé en 1921 par Gaston Dorléans et Frédéric doit son savoir-faire et sa passion à son grand-père. Bourillon Dorléans a acquis une renommée internationale : aujourd’hui, 85% du vin produit sur le domaine est exporté (aux Etats-Unis, en Australie, mais aussi, plus récemment, en Asie et en Russie).

Les vignes, qui s’étendent sur l’appellation Vouvray, s’étalent sur les meilleurs coteaux de Rochecorbon et proviennent d’un seul cépage, François le chenin, originaire d’Europe méditerranéenne et apporté en Gaule par Saint-Martin en 350 après J.-C.

C’est dans sa magnifique cave, dont certaines parties datent du XVe siècle et qui a été décorée de nombreuses sculptures, réalisées par des artistes locaux sur le thème de l’histoire de l’homme et du vin, que Frédéric Bourillon m’a reçue en toute simplicité. Le Tonton flingueur du Vouvray, le Lino Ventura de Rochecorbon, a fait découvrir aux Fourberies d’Escarpin sa dernière bonne idée, qui sera inaugurée le 13 mai prochain : la cuvée « Coup de trique », un vin blanc sec, qui a été mise en bouteilles ces dernières semaines.

Cuvée Coup de trique du Domaine Bourillon-Dorléans avec Dominique Spiessert - DR

Cuvée Coup de trique du Domaine Bourillon-Dorléans avec Dominique Spiessert – DR

Bonjour Frédéric et merci de me recevoir au Domaine Bourillon-Dorléans. Comment est née l’idée de la cuvée « Coup de trique » et quelles sont les particularités de ce nouveau vin ?

Un soir où on avait un petit peu déliré avec des amis, j’avais remarqué que certains vignerons, tous les ans, sortaient des cuvées différentes, une cuvée nouvelle, un petit peu moderne ou rigolote, qui permettait en fait à leurs clients de découvrir un nouveau produit tous les ans, sans rentrer dans le phénomène de routine, de lassitude. Donc je me suis dit ‘tiens, ça pourrait être marrant de créer une cuvée avec une certaine typicité, une cuvée qui soit facile à boire, une cuvée qui soit marketée un petit peu différemment des cuvées que j’ai qui sont quand même assez traditionnelles, et pour essayer de faire un peu le buzz sur le sujet’. L’idée est venue comme ça, en se disant ‘on va faire une cuvée rigolote’.

Et le nom « Coup de trique » est venu comment ?

Au départ j’avais dit, ‘il faut plutôt un sec, pour aller dans les bars, les restaurants’. Dans les bars à vins, les gens aiment bien boire un coup de blanc sec et je m’étais dit ‘sec comme un coup de trique’ et que ça serait sympa d’appeler justement cette cuvée « Coup de trique ». Alors après on peut interpréter « coup de trique » de plein de manières – ça je laisse libre-choix à chacun de faire fonctionner son imaginaire sur le sujet.

Le « Coup de trique » est donc un vin blanc sec. Très sec ? Parce que j’ai pu remarquer qu’au nez il avait une odeur qui rappelait plus un moelleux.

Oui, très sec. J’ai sélectionné ma cuvée qui était la plus sèche parmi toutes mes cuvées du millésime 2014. L’idée c’était effectivement de faire une cuvée aromatique, mais elle n’a pas été faite en assemblage, en mélangeant une proportion de telle cuve avec une autre, c‘est vraiment une cuvée unique.

Il aurait pas un petit côté DeNiro quand il surveille des Coups de trique, Fred Bourillon ? - ©Chloé Chateau

Il aurait pas un petit côté DeNiro, quand il surveille ses Coups de trique, Fred Bourillon ? – ©Chloé Chateau

Est-ce que la cuvée « Coup de trique » aura des petites sœurs ?

Alors oui, puisque l’idée c’est d’apporter une touche de nouveauté tous les ans, donc effectivement, il y aura des petites sœurs. Je me suis rapproché d’un artiste qui s’appelle Dominique Spiessert, parce que j’aime bien ce qu’il fait et l’idée c’était de faire une cuvée par an jusqu’à avoir de quoi remplir une caisse de six. Je me suis donc dit que ça serait sympa de faire ça sur six ans, d’avoir à chaque fois un visuel et un nom différents. Et comme le premier je l’ai appelé « Coup de trique », donc « coup de » quelque chose, je me suis dit que ça pourrait être sympa d’en avoir six, comme un six coups. Six coups, c’est les revolvers, en fait, on dégaine le six coups. Donc on a trouvé le premier et le dernier nom. La dernière cuvée portera bien son nom puisqu’elle s’appellera « Coup fatal », parce que ce sera le dernier coup de la série des six coups. Et entre le « Coup de trique » et le « Coup fatal », il y en aura quatre autres. Mon choix s’oriente pour l’instant sur « Coup de Sirocco », que je trouve sympa, « Coup de Trafalgar », pour faire un petit clin d’œil à nos amis les Anglais, « Coup de foudre » et puis « Coup de folie ». Et en fonction du profil de l’année, si on a une année un petit peu ensoleillée, on pourra appeler ça « Coup de foudre » ou « Coup de folie » ; une année avec un peu de vent, on pourra appeler ça « Coup de Sirocco », par exemple.

"Chenin du matin n'agresse pas le pèlerin", la devise du Domaine Bourillon-Dorléans - ©Chloé Chateau

« Chenin du matin n’agresse pas le pèlerin », la devise du Domaine Bourillon-Dorléans – ©Chloé Chateau

Donc il y aura toutes les sortes de vin : sec, demi-sec, moelleux, pétillant… ?

Pétillant, non. Le choix stratégique c’est d’utiliser une bouteille blanche transparente et un bouchon de couleur (une bouteille et une sorte de bouchon qui ne sont pas adaptés au pétillant, donc, ndlr). Donc là on a commencé avec un bouchon orange et il n’est pas interdit d’imaginer que pour les prochaines on utilise des bouchons qui se rapprochent des couleurs qui vont bien avec le vin blanc. Avec le orange, on est sur les teintes un peu orangées des Vouvray qui ont un peu vieilli, donc c’est dans l’esprit et ça fonctionne assez bien.

Le design de la bouteille et de l'étiquette du Coup de trique de Bourillon-Dorléans - DR

Le design de la bouteille et de l’étiquette du Coup de trique de Bourillon-Dorléans – DR

Cette année l’étiquette a été faite par Dominique Spiessert, un artiste tourangeau. Est-ce qu’il s’occupera de toutes les étiquettes ou est-ce qu’on peut envisager de découvrir un artiste tourangeau différent chaque année ?

Je pense qu’il faut que je reste dans le même esprit, puisqu’on est dans une série de six coups, et donc que je reste avec le même artiste. Ceci dit, rien ne m’empêche l’année prochaine de faire une autre cuvée avec un autre artiste, mais au moins cette histoire je la démarre avec Spiessert et je la termine avec lui.

L'étiquette du Coup de trique de Bourillon-Dorléans, réalisée par l'artiste tourangeau Dominique Spiessert - DR

L’étiquette du Coup de trique de Bourillon-Dorléans, réalisée par l’artiste tourangeau Dominique Spiessert – DR

Pouvez-vous nous parler de cette étiquette dessinée par Dominique Spiessert, quelle est sa signification ?

Elle représente un petit bonhomme, du moins une partie, puisqu’on n’a pas ses jambes, on a une partie de son torse. Et puis une grande spirale orange. L’artiste a trouvé un lien entre le dessin et le nom « Coup de trique », même si des néophytes comme nous peuvent avoir un peu plus de mal à le voir. Mais visuellement, elle est jolie, elle rend bien. Après je trouvais que c’était intéressant de faire travailler Dominique Spiessert sur le sujet parce que jusqu’à maintenant il ne l’avait encore jamais fait. Alors, une épreuve d’artiste c’est une épreuve d’artiste, on comprend, on comprend pas, au même titre que le vin on peut le comprendre ou pas, il y en a pour tous les goûts. On démarre notre histoire, ça va durer six ans et je pense que ça sera une belle histoire.

Sur cette étiquette on voit le visage et le torse d’un homme qui a des feuilles et de la vigne qui lui sortent de la bouche.

Ça, c’est l’interprétation de l’artiste. Je ne vais pas le comparer à Picasso mais nous ce qui ne nous saute pas forcément aux yeux parce que nous sommes des profanes, on va dire, pour lui, c’est une évidence. Maintenant elle reste belle et attractive et puis moi ce qui m’intéresse c’est que les gens aiment le vin qui se trouve à l’intérieur.

Propos recueillis par Chloé Chateau